ORIENT

Les diverses traditions mystiques, qu’elles viennent des Upanishads, des mystiques chrétiennes ou musulmanes, restent des exemples de premier ordre dans l’exploration de la conscience humaine et c’est en ce sens que nous nous devons de les approcher avec humilité.

Nous avons porté en italique, pour n’avoir pas à le spécifier à chaque fois, les idées en rapport avec la Sophrologie.

 

 

Yoga et Sophrologie

 

Le Raja-yoga est à l’origine de la méditation de type Dhyâna et de différents exercices utilisés dans le premier degré de la Relaxation Dynamique.

Quelques mots d’histoire sont utiles pour comprendre l’origine et les fondements du yoga. Le yoga est issu de l’hindouisme, religion majoritaire de l’Inde, dont il représente l’un des systèmes ou Darçana. L’hindouisme est une sorte de syncrétisme issu de temps immémoriaux au sein duquel cohabitent une doctrine monothéiste savante, la doctrine Brahmane, et une religion populaire polythéiste et protéiforme. Plus qu’une orthodoxie alliée à une doctrine précise, la multiplicité règne. Il n’en reste pas moins vrai qu’il existe une forme religieuse Hindoue, cadre d’une société très fermée et figée comprenant les règles de castes, des coutumes et croyances, des fêtes et rites de la vie quotidienne.

Les systèmes de l’hindouisme ou Darçana sont au nombre de six principaux : Mimansa, Vedanta, Samkhya, Nyaya, Vaiçeshika, Yoga. Leur objet est la délivrance. Parmi ceux-ci donc le yoga, typiquement indien, a été fondé vers le IIe siècle avant J-C par un sage hindou, Patanjali, auteur des yogas-sutras ou aphorismes du yoga.

Yoga signifie entraînement, sa racine sanscrite yug signifie atteler, unir. En français à partir de sa racine indo-européenne jugo, il se définie par joug. Le système de libération au moyen du yoga s’obtient par l’union de l’individu avec l’Absolu.

Le yoga est  une voie spirituelle ou marga, une discipline du corps et de l’esprit utilisant les énergies de l’homme pour un déconditionnement physique et mental permettant la libération par la transcendance de l’humain et l’accession à un être spirituel (purusha) émergeant du corps matériel (prakriti) écartelé et dispersé (faire émerger Purusha de Prakriti). Cet être spirituel dans sa pureté et son originalité pourra réaliser l’union avec l’Absolu, l’union du Soi (conscience profonde) individuel avec le Soi universel. Le Soi sous sa forme immanente se dégage des niveaux de la manifestation pour retourner à l’état pur.

Les exercices physiques et spirituels sont à la base de cette discipline. Les exercices physiques sont représentés par les postures ou asanas, le travail sur la respiration ou pranayama, la domestication des cinq sens. Les exercices spirituels sont fondés sur la méditation Dhyâna, la contemplation Samadhi.

Sept écoles principales de yoga existent, classées suivant le type d’entraînement sur lequel elles prédominent :

Hatha-yoga : yoga physique, les asanas et le prana.

Jnana-yoga : yoga de la connaissance, entraîne le discernement.

Bhakti-yoga : yoga de la dévotion, « joug de l’abnégation », agit sur la vie sentimentale ; utilisation des mantras.

Karma-yoga : yoga de l’action, privilégie la conduite et le travail, les devoirs et les rites, le service sans espoir de rétribution, le renoncement.

Tantra-yoga : yoga de l’énergie, les Tantras comme guides, les chakras ou lotus centres d’énergie vitale de l’homme, la kundalini.

Japa-yoga : pratique de la répétition des noms divins (OM)

Raja-yoga : concerne la vie spirituelle. On y retrouve les exercices intellectuels rappelant la mystique chrétienne : Dharana, Dhyâna, Samadhi.

La Kundalini, serpent lové, symbolise l’énergie cosmique (caducée, logos sophrologiques). Activation de la kundalini dans les chakras ou Lotus (Muladara, Svadisthana, Manipura, Anahata, Vishuda, Ajna, Sahasrara) au travers de nadi. Éveiller la Conscience Énergie. Les Nadi, canaux psychiques, lignes de circulation de l’énergie, le corps réseau de courants variés. Ida, la grande nadi gauche, lunaire et  Pingala, la nadi droite, solaire représentent la dualité : inspire – expire, expansion – contraction. La Nadi Susumna le long de la colonne vertébrale représente l’accès direct de l’énergie,  la  »voie du milieu » de Muladhara vers Sahasrara. De l’éveil de la Kundalini vers la Conscience arrachée à toutes ses limitations.

La méditation Dhyâna

Dhyâna est un état de recueillement dans lequel l’esprit est totalement absorbé dans l’objet de la méditation. Huit types de Dhyâna sont proposés suivant le sujet de méditation. Appartenant au monde de la forme, les choses répugnantes, la bienveillance, la compassion, etc.… Appartenant au monde sans forme, l’espace illimité, la conscience illimitée, la non – perception, le plan où il n’y a ni perception ni non perception.

La triple étape concentration (Dharana), méditation (Dhyâna), contemplation aboutit à Samadhi ou état de pure conscience « détaché des pensées automatiques » (sutras I.2 & I.12), l’extase qui représente le but ultime, la finalité du yoga. Patanjali résume le Samadhi dans ses sutras[1] :

I.17- « Le Samadhi Samprajnata, dans lequel la conscience est encore tournée vers l’extérieur, fait appel à la réflexion, au raisonnement. Il s’accompagne d’un sentiment de joie et du sentiment d’exister ».

I.18- « Quand cesse toute activité mentale, grâce à l’expérience renouvelée de cet état, s’établit le Samadhi Asamprajnata, sans support. Cependant demeurent les mémoires accumulées par le Karma ».

Très positivement nous conclurons sur cet espoir qui est le nôtre en tant que sophrologue : sutra I.21- « Le Samadhi est accessible à ceux qui le désirent ardemment ».

 



[1] Yoga-sutras, Patanjali, Albin Michel, collection spiritualités vivantes, 1991.

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